Une nouvelle traduction du Notre-Père

A partir du dimanche 3 décembre 2017, les catholiques français réciterons la prière du Notre Père avec un changement au niveau de la 6ème demande. Nous dirons “Et ne nous laisse pas entrer en tentation” à la place de “Et ne nous soumet pas à la tentation”.

Pourquoi ce changement ?

Ce changement fait suite à une nouvelle traduction de la Bible liturgique, du grec en français. Sa lecture, lors des célébrations et messes, est déjà en vigueur depuis 2013. Ceci dit en passant, l’intégralité de cette Bible est accessible sur internet (https://www.aelf.org/bible).

Le verset dont il s’agit est très complexe à traduire. La traduction “Ne nous soumet pas à la tentation” n’était pas fausse, et la nouvelle n’est pas forcement meilleure. L’intérêt du changement est de mieux saisir le sens de la demande. Il permet aussi de prendre conscience que la Parole de Dieu nous pousse à réfléchir.

L’ancienne traduction : “Ne nous soumet pas à la tentation”

Avec cette traduction : Dieu est considéré comme la cause de la tentation. Et Dieu peut-il être la cause de la tentation ? Peut-il vouloir s’il bon, que nous soyons tentés ? La nouvelle traduction répond non.

On aurait pu aussi poser la problème autrement, par exemple en réfléchissant aussi sur le terme de “tentation”, que certains traduisent plutôt par épreuves. Que Dieu envoie des épreuves, c’est déjà moins scandaleux. Et d’ailleurs, faut-il se préserver du scandale ? Dieu n’est-il pas aussi un tentateur ? N’est-ce pas Dieu qui envoie Abraham sacrifier son fils, et Jésus au désert ? En refusant trop vite de voir en Dieu l’auteur ou l’un des auteurs de la tentation, en voulant lui laisser les mains pures de tout mal, on risque de manquer une part de son mystère. Il y a peut-être une pédagogie divine jusque dans nos tentations, et jusque dans le mal. L’ignorer, c’est risquer le désespoir, peut-être la plus grande des tentations, celle de celui qui se sent trop mauvais pour être aimé, ou trop bon pour en avoir besoin. Dieu, lui, n’a pas abandonné le fils prodigue dans le péché. Et n’est-il pas écrit qu’il y a plus de joie au Ciel pour 1 pécheur converti que pour 99 justes ? Cette joie vaut peut-être de nous induire en tentation (sans nous y soumettre).

La nouvelle traduction : “Et ne nous laisse pas entrer en tentation”

Avec cette nouvelle traduction : Dieu nous laisse entrer ou non dans une tentation dont il n’est pas la cause.

Ce changement nous rappelle que même l’un des textes les plus importants de la Bible, celui que Jésus nous a donné pour nous adresser à son Père, n’a rien de transparent. Lire la Parole de Dieu, et même la réciter, ne peut jamais se faire sans réfléchir en même temps sur ce qu’on lit, sans questionner nos propres récitations, sans douter, non de la Parole de Dieu, mais de notre capacité à la saisir.

Sources

Revue église de Metz, oct 2017, p 18-19

Pour aller plus loin

Conférences sur le Notre Père

Le diocèse de Metz propose un cycle de conférences sur le Notre Père, les mardis à 18h30 à Metz (renseignements au 03 87 75 05 08) aux dates suivantes

  • 7 novembre 2017 : commentaires exégétiques
  • 14 novembre 2017 : le péché comme dette
  • 21 novembre 2017 : la tentation
  • 28 novembre 2017 : commentaires théologiques

Sur le site du diocèse

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